La très branchée ville d’Austin débarque en France

Née de la musique, la coopération économique et culturelle entre Austin et Angers s’ancre un peu plus à travers les Austin-Days. Une semaine d’immersion destinée aux Angevins, soucieux de mieux connaître leurs cousins d’Amérique, branchés comme eux par la Food&Wine, la Tech, la musique psyché et l’art de vivre. D’Angers ou d’Austin, laquelle inspire l’une plus que l’autre ?

La « austinite » aigüe se serait-elle emparée des Angevins ? Rassurez-vous, rien à voir avec une quelconque maladie orpheline. La passion qui lie les villes d’Angers et Austin s’apparente plutôt à un engouement mutuel pour leurs points d’accord comme la musique, le cinéma et la tech que le festival d’Austin, le South By SouthWest – SxSw (2 000 groupes, 15 0000 représentants de l’industrie) – agrège chaque année, en mars pour en faire le plus grand festival de musique des States. La semaine dernière, Jed Taylor en personne, l’auteur de la fresque de la 6th Street d’Austin rebaptisée « rue de la fête », signait à Angers une fresque avec des marqueurs du territoire sur l’un des murs du Conservatoire, tout un symbole.

« Angers, tout près de Paris »

Les Austin-Days, kesako ? Un rendez-vous biannuel qui invite les Angevins à se plonger dans la culture texane, attachante et particulière à bien des égards. Tout y passe : les modes d’expression culturelle et artistique, la gastronomie, le sport et l’art de vivre tel que le yoga, le tatouage…. Et réciproquement puisqu’à cette occasion, une délégation de plus de 15 Austinites a fait le voyage « jusqu’à Angers – tout près de Paris », de leurs propres aveux – pour s’immerger dans la qualité de vie à l’angevine.
Cette année, deux bartenders et deux chefs cuisto – entre autres représentants de la capitale texane – ont joué le jeu de la résidence derrière les fourneaux et les comptoirs de quelques bars et autour de bonnes tables angevines. En retour, ils ont pu découvrir les dernières innovations des célèbres liquoristes angevins Giffard et Cointreau, couramment shakées dans les bars à cocktail, ainsi que les vignes de la Coulée de Serrant.

Trop souvent réduits à des échanges sympathiques, voire folkloriques et linguistiques d’ados, les jumelages entre villes, tel que celui qui unit Angers et Austin depuis sept ans, présentent bien des intérêts. Deux villes que tout aurait pourtant pu ne jamais faire se rencontrer. Austin est la 14e ville des USA et compte près de deux millions d’habitants. C’est aussi la ville parmi les plus tech des Etats-Unis, juste après la Sillicon Valley, Huston et Dallas. Ici, Facebook et Twitter se sont dévoilés au monde. Ici des géants tels qu’IBM, Dell, Apple, Freescale, Hewlett-Packard… continuent de croître.

Angers et Austin sur des accords musicaux

A ce jeu-là aussi, Angers tire son épingle du jeu. Entre autres pépites, ne compte-t-elle pas Atos, le géant de la transformation digitale à l’origine des supercalculateurs les plus puissants du monde ? Son fleuve Loire n’est-il pas comparé par les Américains eux-mêmes au Mississipi « pour sa largeur » (c’est pourtant bien le fleuve Colorado qui traverse Austin). En octobre 2017, Angers n’était-elle pas la ville vers laquelle tous les regards de l’électronique et de l’IoT se sont tournés à l’occasion du World electronics forum, sur recommandation de Gary Shapiro, le pape de l’autre festival « high tech » américain, le CES de Las Vegas.

L’origine de ce coup de foudre repose toutefois sur des accords plus mélodieux et musicaux, et sur une volonté commune des Realtions Internationales de la ville d’Angers et de l’association Austin Angers Creative de transformer l’essai.  Un responsable de l’association se souvient : « Il y a eu la rencontre entre le producteur des Blacks Angels, groupe phare de la musique psychédélique, à l’origine du festival Levitation d’Austin, et de Christophe Davy ». Angevin, Christophe Davy n’est autre que le fondateur de Radical Production, un fleuron de l’industrie du spectacle en France. Cette première rencontre porte ses fruits. En 2013, la première affiche de la réplique austinite « Levitation Angers »  inscrit en lettres d’or le nom d’Alex des Blacks Angels. « L’aventure était en train de naître ».

Austin- Angers, des enjeux économiques porteurs

Pour lancer les Austin-Days 2018, les organisateurs ont voulu aller  plus loin et montrer que la coopération ne s’arrêtait pas aux pratiques culturelles et musicales. ALDEV, l’Agence en charge du développement économique de la métropole d’Angers, s’en est emparée au nom d’enjeux importants. Angers est une ville engagée dans la smart city  et à cet égard développe des projets susceptibles d’intéresser sa grande « sister » des States. Autre point de rencontre, la « Food & Wine » qui donne lieu chaque année à un festival à Austin, au même titre qu’à Angers via son événement « Food’Angers ». « D’où l’idée de déployer notre programme autour de la gastronomie en partenariat avec des professionnels de la restauration, des bars, des viticulteurs… Tout le monde est gagnant en permettant aux deux villes de rayonner et faire connaître leur patrimoine », explique-t-on chez ALDEV.

Et la mayonnaise semble prendre. Mais laquelle d’Austin ou d’Angers inspire l’une plus que l’autre.  Austin, ville à forte croissance, est aussi connue pour la frénésie qui caractérise ces rues, dont la 6e th, plus célèbre que les autres. Ici se côtoient country, pop, rock, galeristes, tatoueurs, barmen… et les amoureux de chauve-souris qui tout au long de l’année convergent vers le Congress Bridge à la tombée de la nuit ? Alors à quand la nuit de la chauve-souris sur le pont Confluence à Angers ?